CERVEAU DROIT / CERVEAU GAUCHE...

On a beaucoup entendu dire que certaines personnes réagissaient de manière plus instinctives que d’autres qui sont réfléchies, ou encore que certains garçons ne pouvaient pas résister à leurs pulsions sexuelles car ils en étaient débordé –ceci étant inhérent au fait d’être un garçon. Une théorie a longtemps affirmé que l’humanité pouvait être divisée en 2 catégories de personnes : les « cerveaux droits » et « les cerveaux gauches ».

Un rapport très sérieux de l’OCDE synthétise ainsi les recherches en la matière : « Les scientifiques pensent que les hémisphères cérébraux ne travaillent pas isolément mais ensemble pour toutes les tâches cognitives même s’il existe des asymétries fonctionnelles. A la lumière de ces notions, l’utilisation des concepts de « cerveau gauche » et « cerveau droit » est abusive. »

On sait aujourd’hui que cette théorie est obsolète et simpliste au regard du fonctionnement du cerveau, car les neurones qui s’agrègent ou s’organisent par strates horizontales et verticales selon leur localisation, sauf au niveau de l’amygdale où les neurones sont amalgamés et non organisés en strates- ne sont pas dédiés à une tâche et localisés dans une fonction : le neurone visuel dans la zone des gestes servirait à voir les gestes…

Les deux lobes du cerveau travaillent en binôme à la moindre activité : lire, sauter, répondre, chanter… Dans les années 70, les adeptes de la PNL : Programmation Neuro-Linguistique agissant en coachs, retenaient pour analyser le fonctionnement du cerveau que le cerveau droit faisait de vous une personne émotive, imaginative, créative et communicative, alors que la domination du cerveau gauche vous apportait stabilité, rationalité, logique et organisation. Cette école de pensée a envahi les cabinets de psychologues, les parents voulaient tous avoir un enfant qui utiliserait son cerveau droit, car ces enfants étaient dits « neuro-droitier », ou HPI : dotés d’un Haut Potentiel Intellectuel.

Ces découvertes datent de 1969. Elles sont devenues ce qui s’appelle un neuro-mythe : une hypothèse scientifique invalidée par les dernières découvertes. Cependant, cette idée a fait évoluer les pratiques pédagogiques et nous en conservons un acquis fondamental pour la pédagogie moderne: on propose aujourd’hui pour comprendre et mémoriser plusieurs manières d’acquérir une connaissance : on observe, on explique, on expérimente, on illustre, on copie, etc…

Depuis 1990, Stanislas Dehaene, chercheur français*, a prouvé que dans le processus de lecture et de reconnaissance des chiffres, les deux hémisphères sont activés et travaillent conjointement. Il invalide donc la théorie selon laquelle un cerveau domine l’autre. Il prouve la synergie des deux hémisphères et fait avancer les connaissances.

Cependant, l’idée qui a présidé au développement des méthodes pédagogiques qui préconisent de stimuler le cerveau grâce à plusieurs moyens, est toujours aussi efficace pédagogiquement, puisqu’en proposant plusieurs mises en œuvre, on utilise plusieurs neurones agissant ensemble dans plusieurs zones du cerveau. La sollicitation multiple donne de vrais résultats.

Voyez un commentaire trouvé sur : http://www.franceinter.fr/emission-le-grand-entretien-stanislas-dehaene

mercredi 22 février 2012 à 23:20 Merci M. Dehaene! J'ai eu une classe de CP pendant 5 ans et je travaillais comme vous l'avez expliqué (de manière systématique, en liant la lecture et l'écriture, en recherchant le ludique tant en maths qu'en français) et cela fonctionnait surtout pour mes élèves en difficulté.

  • Stanislas Dehaene, La Bosse des Maths, Odile Jacob.

Stanislas Dehaene, Les neurones de la lecture, Odile Jacob.

Extrait de Tous Intelligents, Stéphanie CRESCENT, A paraître aux éditions Odile Jacob.