Pourquoi l’élève rencontre-t-il des difficultés ?

Nous avons tous 9 intelligences . Autrement dit, nos neurones s’organisent pour transmettre et traiter les informations (comprendre, apprendre, faire, mémoriser, ressentir…). S’ensuivent d’infinies possibilités pour comprendre et apprendre car nous combinons 9 manières de traiter l’information pour surmonter des difficultés (99 conceptions possibles d’une même notion). Ce développement fait de nous des individus singuliers car ce fonctionnement nous est propre, même lorsque nous sommes atteint d’un handicap mental.

En France, à l’école, on reconnait principalement et majoritairement 2 de nos 9 intelligences : l’intelligence linguistique et l’intelligence logico-mathématique. Pourtant, au sein des apprentissages dispensés à l’école, toutes nos intelligences sont représentées.

Notre cerveau, lui, peut comprendre et s’exprimer de 7 autres manières différentes :

  • par le corps (l’intelligence kinesthésique) nous apprenons en mimant et en ressentant
  • en image et par l’espace (l’intelligence visuelle et spatiale) – nous visualisons des informations, et mémorisons en images
  • par la musique (l’intelligence musicale) – cette intelligence couvre aussi le champ des rythmes scolaire et biologique. Il y a des heures plus favorables pour apprendre que d’autres. Et cela concerne aussi le niveau sonore de l’environnement de l’élève
  • par notre environnement naturel et notre rapport à la nature, (l’intelligence naturaliste) on apprend bien aussi en dehors de l’école, par l’expérience, en menant des projets et en expérimentant, mais aussi en comprenant les systèmes qui nous entourent
  • par notre besoin de comprendre pourquoi, à quoi ça sert dans la vie, (l’intelligence existentialiste). Si nos questions fondamentales nous accablent d’interrogations paralysantes, elles nous empêchent de nous encrer dans le présent
  • par soi-même – on apprend aussi du monde en se connaissant bien soi-même, en développant sa propre curiosité (l’intelligence intra-personnelle)
  • par les autres – qui nous éveillent, nous renseignent … (l’intelligence interpersonnelle) Car l’autre est comme un neurone, il nous met en connexion.

A quoi bon savoir cela ?

Chaque intelligence développée nous donne des qualités. En passant uniquement par l’une de nos intelligences pour comprendre au détriment des autres modes de réflexion, nous ne développons pas tout notre potentiel et créons nos propres difficultés. Pour certains enfants, apprendre à faire une division n’est possible que si l’on passe par des mots, on doit tout leur expliquer, d’autres enfants comprendront la division des parts de pizza ou d’un paquet de bonbon à parts égales et quelques uns comprendront d’instinct, en passant simplement par l’observation. La division étant posée au tableau, leur cerveau opèrera d’instinct pour établir des relations entre les nombres, en décomposant les chiffres, en multipliant, en ajoutant...

Ces 9 intelligences, nous les possédons toutes et notre cerveau ne cesse de les associer pour se développer. Les traits de notre personnalité viennent de ces intelligences, nos qualités comme nos défauts, mais aussi nos angoisses et nos grands bonheurs.

Les méthodes de travail

Il est capital de développer harmonieusement nos 9 intelligences pour être bien dans sa vie. Pour comprendre et apprendre, nous développons des stratégies. Certains modes d’apprentissage sont efficaces dans certaines situations, d’autres moins. Il est plus difficile de passer par la visualisation pour apprendre une longue poésie, par exemple, tandis que la musicalité et le mime sont des stratégies qui font gagner du temps. Il faut développer la bonne tactique face à chaque problème, la bonne stratégie face à chaque apprentissage. C’est notre cerveau qui nous le permet.

Les conditions de travail des enfants

Pour apprendre et se mettre à faire ses devoirs, l’enfant doit donc être en condition : Il doit avoir suffisamment dormi, il doit avoir mangé quelque chose de sucré (fruit, chocolat, pain, etc.).Son esprit doit être libre de frustration et de contrariété, mais aussi des émotions envahissantes. N’oublions pas l’état psychique dans lequel l’école met l’enfant : l’angoisse de ne pas savoir, de ne pas y arriver. Pourquoi rêve-t-on qu’on oublie son cartable, son slip ou qu’on arrive là tout nu ? Ces rêves fréquents en situation d’apprentissage (même chez les enseignants) nous révèlent notre dénuement face à tout ce que nous ne savons pas.

L’enfant qui fait ses devoirs doit avoir compris ce qui lui est demandé, ce que l’on attend de lui. Il a donc dû surmonter cette difficulté de compréhension, faire l’effort de l’humilité et mobiliser son attention. Cette démarche à elle seule est absolument admirable. Il serait juste de le saluer de temps à autres. Sécurisé, il sera plus efficace dans son travail si le regard qui est posé sur lui est un regard confiant et ambitieux.

C’est toute cette démarche qui va vous sortir de la situation où l’enfant met une heure à s’y mettre, s’énerve avant d’avoir commencé, joue au lieu de travailler, balance ses affaires et pleure qu’il déteste l’école, apprendre et vous aussi par la même occasion : écoute et sécurité, encouragement, admiration et ambition lui apporteront votre reconnaissance. Son cerveau en a besoin pour continuer à se développer.

Comment aider l’enfant à apprendre ? Lorsqu’on aide un élève à faire ses devoirs, s’il rencontre des difficultés, il faut lui fournir une méthode de travail quand l’enfant n’a pas développé sa propre stratégie : répéter tout haut, écrire ou ré-écrire la leçon, faire une liste ou enregistrer sa voix sont déjà 4 stratégies possibles pour apprendre du vocabulaire. L’accompagnant peut aussi limiter les devoirs dans le temps, il peut demander à l’enfant comment il va organiser ses tâches et l’aider à décider dans quel ordre les effectuer. Attention à ne pas imposer des stratégies qui ne conviennent pas à son mode de fonctionnement.

Lorsqu’il rencontre une difficulté dans l’exécution de ses devoirs, c’est à ce moment-là qu’il faut l’encourager et surtout ne pas faire à sa place.

L’accompagnant veillera à proposer ou à ménager des pauses entre deux mémorisations. Le cerveau a absolument besoin de relâchement pour pouvoir passer à une autre phase de concentration intense. Ainsi après la poésie, on peut faire son dessin, ranger son cartable ou sortir ses affaires de sport pour le lendemain avant de se mettre sur le tableau à double entrées du cahier suivant.

Il est ensuite nécessaire que l’enfant ait compris les notions à apprendre et les critères d’évaluation de la justesse d’un exercice, ainsi que les modes opératoires pour réaliser les tâches demandées. Cela doit être fait dans le cadre de la classe. L’enfant ne doit pas désinvestir l’école au profit de celui qui l’aide à la maison en pensant qu’on lui expliquera ce soir. C’est à lui d’être attentif, il doit pouvoir rester maître de son développement et de son temps. En effet, mieux travaille à l’école, plus on peut se détendre à la maison. Ses cahiers doivent être propres et clairs. Ses livres et ses fournitures aussi. Un des grands rôles du parent est d’exiger la bonne tenue et le respect de ses affaires, surtout si ce n’est pas lui qui accompagne les devoirs.

Qu’attend l’enfant de vous ?

L’autre point majeur de l’accompagnement parental couvre le regard porté sur l’enfant. Porter sur l’enfant un regard ambitieux et fier, c’est lui donner le cap de la réussite. Porter sur lui des paroles empruntes d’enfermement « toujours » et « jamais » ou « de toutes façons dans la famille », c’est le condamner à la restriction de son développement. Il attend de l'Amour dans votre regard et l'assurance absolue que quelle que soit sa difficulté, il ne peut pas vous décevoir car votre Amour ne dépend pas de ses notes ou de sa réussite. Souvent, vous allez devoir croire en lui alors que lui se désespère. Alors vous serez le bon parent pour lui.

Stéphanie CRESCENT Résumé de la conférence sur l'Aide aux Devoirs.